The Secret of Sherlock Holmes

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia
The Secret of Sherlock Holmes (1988-1989)
Edward Hardwicke (Watson) & Jeremy Brett (Holmes)
Inside page of the program

The Secret of Sherlock Holmes is a British play in 2 acts written by Jeremy Paul starring Jeremy Brett as Sherlock Holmes and Edward Hardwicke as Dr. Watson, toured between 30 august 1988 and 16 december 1989.

The play was performed again between 2007 and 2010 in UK with Peter Egan as Sherlock Holmes, and in USA with Michael Hammond and later with Peter DeLaurier.



Cast


Crew

  • Director : Patrick Garland
  • Playwright : Jeremy Paul
  • Set Designer : Poppy Mitchell
  • Costume Designer : Esther Dean
  • Lightning Designer : Mark Pritchard
  • Music : Nigel Hess
  • Sound Designer : John Leonard
  • Musical Director/Keyboard : David Firman
  • Violin : John Francis
  • Production Manager : Will Bowen
  • Company and Stage Manager : Philip Gault
  • Deputy Stage Manager : Sally Tynan
  • Assistant Stage Manager : Gussie Welch
  • Wardrobe Mistress : Kate Elliott
  • Sound Operator : Patrick Bridgeman


See also other adaptations of the Jeremy Paul's play:


Photos


Performances

The Secret of Sherlock Holmes with Jeremy Brett (SH) & Edward Hardwicke (JW)

  • 30.08.1988 - 10.09.1988 : Yvonne Arnaud Theatre (Guildford, UK)
  • 12.09.1988 - 17.09.1988 : The Richmond Theatre (Richmond, Surrey, UK)
  • 20.09.1988 - 21.09.1988 : Previews at Wyndham's Theatre (London, UK)
  • 22.09.1988 - 16.09.1989 : Wyndham's Theatre (London, UK)
  • 02.10.1989 - 07.10.1989 : Alhambra Theatre (Bradford, UK)
  • 09.10.1989 - 14.10.1989 : Ashcroft Theatre (Croydon, UK)
  • 16.10.1989 - 21.10.1989 : New Theatre (Hull, UK)
  • 23.10.1989 - 28.10.1989 : Yvonne Arnaud Theatre (Guildford, UK)
  • 30.10.1989 - 04.11.1989 : New Theatre (Cardiff, UK)
  • 06.11.1989 - 11.11.1989 : Festival Theatre (Chichester, UK)
  • 13.11.1989 - 18.11.1989 : Alexandra Theatre (Birmingham, UK)
  • 20.11.1989 - 25.11.1989 : His Majesty's Theatre (Aberdeen, UK)
  • 27.11.1989 - 02.12.1989 : Theatre Royal (Brighton, UK)
  • 04.12.1989 - 09.12.1989 : Palace Theatre (Manchester, UK)
  • 11.12.1989 - 16.12.1989 : Theatre Royal (Bath, UK)


The Secret of Sherlock Holmes with Edmund Kente & John Harwood

  • ? - 10.10.1998 : Royal Theatre (Northampton, UK)


The Secret of Sherlock Holmes with René Goerlitz (SH) & Christoph Wann-Petry (JW)

  • 2005 (Idar-Oberstein, Germany)


The Secret of Sherlock Holmes with Michael Hammond (SH) & Dave Demke (JW)

  • 28.09.2007 - 28.10.2007 : Founders Theatre (Lenox, MA, USA)


The Secret of Sherlock Holmes with Peter Egan (SH) & Philip Franks (JW)

  • 01.03.2010 - 06.03.2010 : Richmond Theatre (Richmond, UK)
  • 08.03.2010 - 13.03.2010 : Theatre Royal (Bath, UK)
  • 15.03.2010 - 20.03.2010 : Yvonne Arnaud Theatre (Guildford, UK)
  • 22.03.2010 - 27.03.2010 : Theatre Royal (York, UK)
  • 29.03.2010 - 03.04.2010 : King's Theatre (Edinburgh, UK)
  • 05.04.2010 - 10.04.2010 : Malvern Theatres (Malvern, UK)
  • 12.04.2010 - 17.04.2010 : Palace Theatre (Southend-on-Sea, Westcliff, UK)
  • 19.04.2010 - 24.04.2010 : Cambridge Arts Theatre (Cambridge, UK)


The Secret of Sherlock Holmes with Peter Egan (SH) & Robert Daws (JW)

  • 15.07.2010 - 11.09.2010 : Duchess theatre (London, UK)


The Secret of Sherlock Holmes with Peter DeLaurier (SH) & Mark Lazar (JW)

  • 07.07.2010 - 15.08.2010 : People's Light Theatre (Malvern, PA, USA)


Genesis and Launch of the Play

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Jeremy Paul et Jeremy Brett : deux amis de longue date

Le scénariste et l'acteur se sont connus dans les années 60, l'épouse de Jeremy Paul, Pat Garwood, ayant figuré dans une production télévisée de La Belle et la Bête où Brett jouait le double rôle de la bête et du prince, et où il était, selon Paul, merveilleux. Puis, en 1970, Jeremy Paul adapta pour la télévision An Aspidistra in Babylon, où Brett incarnait le personnage masculin principal et qui constituait un épisode de la série Country Matters. Ils finirent par se retrouver dans la série Sherlock Holmes, Jeremy Paul ayant été chargé d'écrire le scénario du Ruban moucheté, du Traité Naval, du Rituel des Musgrave et de Wisteria Lodge. A la fin des journées de tournage, ils eurent de longues discussions au sujet du grand détective.

Le centenaire de Sherlock Holmes

C'est durant l'été 1987 que germa l'idée de créer une pièce, car Jeremy Brett rappela à Jeremy Paul que c'était l'année du centenaire de Sherlock Holmes et ajouta qu'il aimerait célébrer l'événement par une soirée théâtrale où seraient lus des extraits des nouvelles. Mais le scénariste lui fit remarquer qu'une pièce serait beaucoup plus vivante qu'une simple séance de lecture. Brett fut aisément convaincu : il était avant tout homme de théâtre et avait joué le rôle de Watson dans la pièce The Crucifer of Blood aux côtés de Charlton Heston en 1980. Jeremy Paul décida que le spectacle n'aurait pas pour thème une aventure policière, car ce qui le fascinait avant tout, c'était les débuts d'histoire, souvent sacrifiés d'après lui dans les adaptations. C'était là en effet que, selon lui, se manifestait le mieux la perception très pénétrante qu'avait Conan Doyle du climat social et moral de son temps, mais aussi cette extraordinaire amitié victorienne de Holmes et Watson, entièrement exempte des connotations sexuelles modernes –une chose que notre monde pressé a perdue de vue. La pièce que Paul écrirait aurait donc pour sujet la relation de Holmes et de Watson et reprendrait dans toute la mesure du possible les mots mêmes de Conan Doyle.

Un texte élaboré en duo

Afin de choisir les passages qu'il utiliserait dans sa pièce, Jeremy Paul se plongea aussitôt dans l'œuvre intégrale de Conan Doyle, dont l'humour et le sens du dialogue théâtral l'impressionnèrent vivement. De l'aveu même du scénariste, Brett lui fut d'un grand secours, car il connaissait parfaitement les histoires originales et avait profondément réfléchi au personnage du détective, afin de pouvoir mieux l'incarner. Comblant les vides des nouvelles, il avait reconstitué l'enfance et l'adolescence de Sherlock Holmes, jamais évoquées par le romancier, avec une précision et une perspicacité que Jeremy Paul jugea si précieuses qu'il enregistra les propos de l'acteur.

Jeremy Paul voulait, certes, écrire une pièce sur l'amitié. Mais l'oeuvre devait malgré tout contenir un mystère à résoudre. Pour le scénariste, ce serait : Comment un homme, quel qu'il soit, peut-il laisser son ami le plus proche croire qu'il est mort, pendant trois années entières ? Si seulement il était possible d'éclaircir cela. Le secret de Holmes et Moriarty, poursuit Paul, se présentait comme quelque chose de si excitant et en même temps de si évident, que j'ai pensé qu'il devait avoir souvent été exploré, ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse. J'aime cette idée victorienne des doubles, Jekyll et Hyde, les deux côtés de la personnalité humaine. J'ai vérifié avec quelques amis holmésiens, qui m'ont rassuré en me disant que c'était un terrain relativement nouveau. L'idée avait été émise une fois, de manière humoristique, par A. G. MacDonel, dans Punch, au cours des années 30, mais jamais développée. Après la première de la pièce, j'ai appris que l'idée selon laquelle Holmes était Moriarty formait aussi la base du roman de Michael Dibdin, La Dernière histoire de Sherlock Holmes.

Un élément du texte était important pour moi, quelque chose qui me restait des premières instructions de Michael Cox : c'était de rendre justice au personnage de Watson [..] J'avais besoin que Watson ait son jour de gloire, qu'il combatte Holmes avec ses propres armes et ne soit jamais au-dessous de la tâche.

Passage à l'acte

D'après son propre témoignage, Jeremy Paul, emballé par le projet, écrivit la pièce en six semaines, alors qu'il lui en avait fallu neuf pour rédiger le scénario de Wisteria Lodge. A peine y avait-il mis le point final que Brett était là pour la lire. Aussitôt conquis, l'acteur décida de commencer les répétitions le lendemain même.

Au départ, la pièce ne devait être qu'un divertissement d'un soir, un spectacle sans prétention, qui se jouerait au Mayfair Theatre (Londres) devant un public composé de la famille des participants, d'amis et de collègues du monde du spectacle. Il y aurait trois acteurs : Brett, Hardwicke et Paul, chargé à la fois d'incarner le narrateur et le Professeur Moriarty, qui se manifesterait sous la forme... d'un train (dévastateur, évidemment). Les répétitions durèrent six semaines. Brett, utilisant les techniques apprises d'Ingmar Bergman, veillait à ce que le fauteuil du metteur en scène soit occupé successivement par chacun des membres du groupe. Un matin, Robert Stephens survint et s'assit à la place du metteur en scène, où il se montra merveilleusement efficace et clairvoyant. Ce fut, selon Jeremy Paul, un moment de théâtre palpitant.

La première représentation, qui eut lieu devant un public choisi, fut très bien accueillie. Duncan Weldon, le producteur, se déclara prêt à mettre la pièce sur la scène mais à une condition : que Paul n'y soit plus présent ! Toutefois, du temps s'écoula avant que Le Secret de Sherlock Holmes commence effectivement sa carrière. Le tournage de la série avait en effet repris et Brett hésitait à affronter le rythme épuisant des représentations théâtrales : six soirées et deux matinées par semaine, c'était en effet beaucoup, pour un homme malade. Paul profita de ce sursis pour élaguer Le Secret et en évincer le narrateur ainsi que Moriarty. C'est Jane Annakin, l'agent de Paul et de Brett, qui donna à l'affaire l'impulsion décisive en contactant le metteur en scène Patrick Garland, qui accepta avec enthousiasme de monter la pièce.


Plot summary (scene by scene)

ACTE 1

L'acte1 se compose d'une série de brèves scènes généralement sans autre lien apparent que leur succession chronologique et qui nous mènent de la première rencontre de Holmes et de Watson à leurs retrouvailles après le grand hiatus. Tantôt les personnages s'adressent au public, tantôt ils rejouent une séquence extraite de l'une des nouvelles de Conan Doyle et qui, la plupart du temps reprend mot pour mot le texte du romancier. Les histoires utilisées seront indiquées entre parenthèses.

Scène 1 (Une Etude en rouge)

Watson explique au public les circonstances de sa rencontre avec Holmes. Le détective entre en scène à son tour et un dialogue parsemé de touches d'humour s'engage :

Holmes : C'est Stamford qui nous a présentés ?
Watson : Oui. Il m'a mis en garde contre vous.
Holmes : Je ne vois vraiment pas pourquoi. Je connaissais à peine ce type.

Scène 2 (Une Etude en rouge et, pour l'analyse de la montre de Watson, Le Signe des Quatre)

Holmes et Watson s'informent mutuellement de leurs habitudes, afin de vérifier qu'aucune incompatibilité d'humeur ne s'oppose à ce qu'ils deviennent colocataires. L'accord conclu, Holmes déduit de l'observation de Watson son passé militaire et l'informe de sa profession. Il manifeste le plus grand mépris envers Dupin, le détective d'Edgar Poe et envers Lecoq, celui de Gaboriau, à qui Watson a cru élogieux de le comparer. Watson met les facultés du détective à l'épreuve en lui donnant sa montre à analyser. C'est un jeu d'enfant pour Holmes, qui passe brillamment le test, se plaint du manque cruel d'adversaires à sa mesure dans le monde criminel, puis quitte la scène.

Scène 3 (Une Etude en rouge)

Resté seul, Watson explique au public combien son colocataire le surprend. Alors qu'il le croyait totalement isolé, Holmes reçoit à toute heure les visites les plus diverses. De plus le détective, érudit dans certains domaines, est d'une ignorance crasse dans d'autres. A ce moment, Holmes rejoint Watson et tous deux, tantôt s'adressant à l'assistance, tantôt dialoguant, entament un débat très drôle sur la culture et son utilité :

Holmes : Watson a une culture littéraire extrêmement étendue. Il peut vous citer n'importe quel auteur contemporain.
Watson : Quand j'ai cité Thomas Carlyle, il m'a demandé de la manière la plus ingénue qui ça pouvait être et quel crime il avait commis.

Et un peu plus loin

Holmes : Vous dites que nous tournons autour du soleil ! Si nous tournions autour de la lune, ce ne serait pas différent pour un sou en ce qui nous concerne, moi et mon travail !

Scène 4 (Le Signe des Quatre)

Holmes s'injecte de la cocaïne. Watson révèle au public combien la dangereuse addiction de son ami l'angoisse, sans qu'il ait trouvé jusqu'ici le courage de protester. S'adressant aux spectateurs à son tour, Holmes leur confie qu'il ne doit sa santé mentale et même sa survie qu'à l'influence bénéfique de Watson : Sans Watson, je serais mort en l'espace de deux ans.

Scène 5 (Le Maître Chanteur d'Appledore)

De retour à Baker Street, Holmes annonce à Watson, d'abord stupéfait puis outré, qu'il a promis le mariage à la servante de Milverton, à seule fin d'en obtenir des renseignements.

Scène 6 (Un Scandale en Bohême)

Enchaînant sur le thème des relations féminines de Holmes, Watson explique au public qu'Irene Adler, The Woman, est la seule qui ait compté à ses yeux.

Scène 7 (Le Signe des quatre)

Impatienté par les considérations de Watson sur Irene, Holmes lui reproche d'avoir teinté d'un romantisme déplacé le récit de ses enquêtes, qui n'aurait dû être axé que sur la logique infaillible de ses déductions. Watson réplique vertement et obtient des excuses.

Scène 8 (Le Traité naval)

S'adressant aux spectateurs, Holmes exprime son regret de vivre une époque difficile, où les riches deviennent de plus en plus riches, tandis que les pauvres sont toujours plus abandonnés. Les collèges qu'il aperçoit par la fenêtre du train où il voyage ensuite avec Watson, lui inspirent toutefois l'espoir qu'un jour, une jeunesse plus éclairée fera naître des temps meilleurs. Puis, Watson confie au public combien il admire la hauteur de vue et le désintéressement de Holmes.

Scène 9 (Elle n'est pas inspirée par l'histoire originale, mais par l'image que Brett s'est construite de l'enfance de Holmes)

Holmes se souvient des années étouffantes passées dans la triste maison familiale avec un père froid et lointain, une mère malheureuse réduite au silence et une nurse brutale.

Scène 10 (L'Interprète grec)

Holmes et Watson se dirigent vers le Diogenes Club. Le détective dresse pour son ami un portrait pittoresque de son frère, aussi misanthrope et dépourvu d'énergie que supérieurement intelligent. Watson s'imagine qu'entre Sherlock et Mycroft les échanges intellectuels ont été intenses et passionnants. Bien qu'il n'en soit rien, Holmes préfère ne pas démentir. Loin de soupçonner que son ami lui ait caché la vérité, Watson se réjouit de ce qu'il se soit, pour une fois, librement épanché.

Scène 11 (Le Traité naval pour l'expérience chimique, Le Signe des Quatre pour l'annonce du mariage de Watson, Un Scandale en Bohême pour l'évocation de la distance qui se creuse entre les deux amis)

A son arrivée au 221B, Watson trouve Holmes absorbé dans une expérience chimique dont dépend la vie ou la mort d'un homme, et lui annonce son mariage prochain avec Mary Morstan. Holmes s'efforce d'accueillir cette nouvelle, pour lui désastreuse, sans manifester déplaisir ni réticences. Mais sitôt le docteur sorti, sa solitude l'écrase et il cherche secours dans la cocaïne. Watson déclare au public que, pendant plusieurs mois, absorbé par sa vie de nouveau marié comblé, il a totalement délaissé son ami.

Scène 12 (Le Problème final, Le Signe des Quatre)

Holmes est hanté par l'image de Moriarty. Il sait que la confrontation est inévitable et que Watson ne le laissera pas y faire face seul. Des fantasmes angoissants, on revient à la réalité quand Watson se présente en personne, apportant un gâteau offert par Mary. Holmes confie alors à son ami la frayeur que lui inspire le Professeur, l'homme qui infiltre tout Londres, sans que quiconque ait jamais entendu parler de lui, le Napoléon du crime. Mais Watson, constatant que Holmes est une fois de plus sous l'emprise de la cocaïne, laisse éclater sa colère. Avant de s'éclipser, le détective prononce la célèbre tirade : Mon esprit refuse la stagnation. Watson, resté seul, fait part au public de sa vive inquiétude pour la santé physique et mentale de son ami.

Scène 13 (Le Problème final, début)

Holmes se présente chez Watson et lui demande l'hospitalité pour la nuit. Mais apprenant que Mary est absente, il invite le Docteur à l'accompagner dans un voyage en Suisse d'une semaine.

Scène 14 (Le Problème final, dénouement, Le Traité naval)

Watson, s'avançant vers la rampe, annonce tristement à la salle la tragédie qui s'est déroulée aux chutes de Reichenbach. Un flashback fait entendre les cris désespérés du Docteur, persuadé que Holmes a sombré dans l'abîme avec son ennemi juré. Puis on retrouve Watson à son bureau. Accablé de tristesse, il conclut son récit par les célèbres paroles : Et j'ai perdu un ami que je considérais comme le meilleur et le plus sage des hommes. Il est hanté par le souvenir de Moriarty, dont il croit percevoir le rire sinistre, et surtout par celui de Holmes, qu'il se figure entendre prononcer le beau discours de la rose ou lui conseiller de chercher dans le travail un dérivatif au chagrin que lui cause la mort de Mary.

Scène 15 (La Maison vide)

Watson explique aux spectateurs que son intimité avec Holmes lui a inspiré un intérêt pour les enquêtes criminelles qui l'a conduit à suivre l'affaire du meurtre de Ronald Adair. Devant la maison de la victime, il a involontairement bousculé un vieux bouquiniste dont il a fait tomber les livres et qui a réagi agressivement.

Scène 16 (La Maison vide)

Le bouquiniste vient s'excuser de sa conduite grossière. Tout le monde connaît la suite de cette scène fameuse : le prétendu vieil homme ôte son déguisement, se redresse, et Watson, qui reconnaît en lui Holmes ressuscité des morts, s'évanouit d'émotion. Holmes, stupéfait de l'intensité de sa réaction, lui présente ses excuses.

Ainsi, dans l'acte 1, n'est formulé aucun problème net et précis que les protagonistes travailleraient à résoudre au long d'une progression dramatique menant à un noeud de l'action. En définitive, cette première partie apparaît davantage comme une attrayante rétrospective de la vie de Holmes et Watson, composée d'un adroit collage de morceaux choisis de Conan Doyle, que comme un véritable début d'intrigue théâtrale.

ACTE 2

Le second acte diffère grandement du premier car Jeremy Paul, s'émancipant de son illustre modèle, entreprend d'y donner sa propre version de la conversation qu'ont eue Holmes et Watson dans La Maison vide, après la miraculeuse réapparition du détective. Il ne s'agit donc plus ici de restituer l'histoire commune des deux compagnons par une succession de fragments de nouvelles transposés sous une forme théâtrale, mais de se lancer audacieusement dans un pastiche qui mêle, au cours de scènes plus longues qu'au premier acte, extraits de récits de Conan Doyle et dialogues inventés par le scénariste (les nouvelles dont Jeremy Paul s'inspire seront indiquées entre parenthèses).

Scène 1 (La Maison vide)

Loin de se montrer aussi accommodant que dans le récit de Conan Doyle, Watson manifeste clairement son ressentiment envers Holmes, coupable de lui avoir préféré Mycroft comme confident et soutien. Face aux avances d'un Holmes inquiet et mal à l'aise, Watson persiste en effet dans une attitude ostensiblement réservée et accueille par un silence glacial l'affirmation du détective selon laquelle il y avait une bonne raison derrière tout ce qu'il a fait. Enfin, quand Holmes ajoute que ce qui l'a toujours retenu de lui écrire, c'est la crainte que son affection ne le pousse à une indiscrétion qui aurait trahi son secret, Watson, ulcéré, prend la porte.

Scène 2 (La Maison vide)

Il revient cependant bientôt, mais ne cache pas qu'il juge le silence de Holmes inhumain : Peut-il exister un secret assez précieux pour qu'un homme laisse son meilleur ami croire à sa mort pendant trois ans ? Holmes s'engage alors à lui révéler ce qui s'est vraiment passé à Reichenbach, en échange de son pardon. La scène, qui jusqu'ici se démarquait du récit de Conan Doyle par la colère non dissimulée de Watson et le désarroi qu'elle inspirait à Holmes, suit maintenant fidèlement la nouvelle, à la différence que, loin d'accepter sans broncher le récit du détective, le docteur manifeste sa peine et sa révolte : (Watson le regarde. C'est la chose qui lui cause le plus de chagrin - le fait que Holmes, qui observait la scène, l'ait laissé croire à sa mort. Holmes ne peut soutenir son regard, mais il est forcé de continuer sur le même ton). Et un peu plus loin :

Holmes : Vous êtes reparti pour l'hôtel, et je me suis retrouvé seul.
Watson : Vous vous êtes retrouvé seul ?

La scène rebondit lorsque Watson apprend à Holmes qu'après la publication du Problème final, il a reçu une lettre anonyme prétendant que Moriarty n'avait jamais affronté le Champion de la Loi à Reichenbach et vivait encore. L'auteur était-il un complice du Professeur, désireux de faire passer Holmes pour un imposteur ? Loin de rester passif, Watson avait publié dans le Times une annonce, où il invitait son correspondant inconnu à se présenter au 221B avec la preuve de ses dires. Personne n'était venu. Mais Watson n'a pas fini de surprendre Holmes. Voyant que l'appartement de son ami avait été conservé en l'état, ajoute-t-il, il en a déduit qu'il était vivant et est allé en chercher confirmation auprès de Mycroft. Ce dernier lui a soutenu que Sherlock était mort, mais un tressaillement convulsif de son visage et l'agitation de sa main gauche ont convaincu Watson qu'il mentait. Pourtant, ne voyant jamais arriver de lettre de Holmes, il en a conclu qu'il avait trouvé la mort dans un pays lointain. Ayant présenté ses condoléances à Watson au sujet du décès de Mary et terminé le récit de ses aventures, Holmes propose à Watson de reprendre sa place à Baker Street. Le docteur accepte avec joie et la réconciliation semble en bonne voie. Jeremy Paul a donc bien tenu sa promesse de faire la part belle au personnage de Watson, mais jusqu'à présent, le long silence de Holmes n'a pas reçu d'explications différentes de celles, peu convaincantes, que nous livre la nouvelle. L'aparté du détective, qui conclut la scène, laisse pourtant entrevoir de nouvelles et mystérieuses raisons : Il y a des gens auxquels on ne peut pas mentir. Mon ami est l'un d'eux. Et pourtant, il y a des vérités qu'on ne peut pas dire... aisément. Parfois, on aspire à être découvert. Que cache donc Holmes à Watson ?

Scène 3

Nous sommes condamnés à en attendre longuement la révélation, dans cette scène qui se promène de La Maison vide, avec le rachat à prix d'or du cabinet de Watson par le détective, aux Plans du Bruce Partington (énumération des nouvelles qui ne sauraient intéresser Holmes), puis aux Hêtres rouges, quand il s'en prend au grand public incapable d'observation, et pour finir à Une Affaire d'Identité, lorsqu'il imagine ce que Watson et lui verraient, s'ils pouvaient s'envoler par la fenêtre et soulever le toit des maisons. Mais un nouveau rebondissement fait prendre à l'intrigue un tournant décisif : Holmes mime devant son ami plusieurs des personnages qu'il a jadis incarnés et soudain - coup de théâtre - prend l'apparence du sinistre Moriarty, s'immobilise pétrifié, puis s'effondre. Watson vole à son secours. La séquence du Détective agonisant où Holmes, délirant, refuse les services du Docteur, se rejoue alors sous nos yeux. Mais Watson, loin de se montrer ici naïf, sait bien dire au malade qu'il n'a aucun symptôme identifiable. On entre alors enfin dans le vif du sujet.

Car Holmes admet que sa maladie n'a rien de physique : elle vient de l'esprit et ne peut être guérie que par l'esprit. Il a d'ailleurs inventé son propre remède, et si Watson consent à l'aider, il faut qu'il examine à la lumière de la plus sévère logique l'hypothèse qu'il lui présente : Moriarty n'a jamais existé, c'est moi qui l'ai inventé. En effet, prétend Holmes, l'idée lui est venue en 1887 que le meilleur moyen de connaître tous les projets criminels et de les neutraliser était de devenir le maître tout puissant mais invisible de la pègre. Son frère Mycroft, ajoute-t-il, a approuvé son plan et s'est engagé à l'aider. Conformément au rôle qui lui a été imparti, Watson multiplie les objections, mais Holmes a réponse à tout et le Docteur finit par être sérieusement ébranlé : quelque chose d'affreusement plausible est en train de prendre forme. Pourtant, Watson va renverser la situation, en demandant à Holmes si c'est aussi lui qui a commandé à Von Herder le fusil à air utilisé par l'assassin du jeune Adair, se rendant ainsi indirectement responsable d'un crime. Holmes tente de se justifier en arguant que, pour une vie dont il a causé la perte, il en a sauvé des myriades d'autres, mais Watson ne veut rien entendre et le détective jette l'éponge. Cependant, Watson a encore une question. Il voudrait savoir pourquoi Holmes, à supposer qu'il ait inventé Moriarty, a ensuite décidé de le détruire. Parce que je ne pouvais vivre avec lui, répond Holmes. Il a compris qu'il devait éliminer le double noir qu'il avait créé, s'il ne voulait pas qu'il le phagocyte : c'était moi ou lui. Mais son voyage au Tibet lui a appris que jamais il ne serait libéré de Moriarty, le mal et le bien étant forcément concomitants et complémentaires sur cette terre. Toutefois, ce que Watson tient à lui entendre dire, c'est qu'il a réellement tué, au sens propre du terme, le Napoléon du crime. Holmes le lui confirme : Oh oui. Je l'ai tué. A Reichenbach. Comme vous l'avez si fidèlement rapporté. La présence continuelle du Professeur dans son esprit le minait et pervertissait sa conduite. En réalité, ajoute-t-il, mon hypothèse n'était qu'une tentative chimérique pour me débarrasser... S'il était parvenu à faire du maître criminel une créature née de son imagination, semble vouloir dire Holmes, il n'aurait plus rien eu de redoutable et aurait pu être renvoyé plus aisément au néant. Mais si l'hypothèse d'un Moriarty inventé par le détective était soutenable du point de vue de la logique, elle ne l'était pas vis à vis de la morale et Watson s'est immédiatement insurgé, obligeant ainsi son ami à y renoncer.

Le Docteur espère que la réduction, même provisoire, de Moriarty à l'état de fiction, a pu apaiser Holmes. Mais il n'en est rien : son ennemi lui est en fait indispensable. Aussi se réjouit-il de savoir que c'est une hydre aux nombreuses têtes... et que, dès que l'on en coupe une, une autre pousse à sa place. Il semblerait donc que si Holmes a gardé le silence pendant trois ans, c'est qu'il cherchait une solution à sa relation obsédante, tourmentée et contradictoire avec Moriarty. Mais finalement, rien n'est réglé ni ne peut l'être : si le Napoléon du crime empoisonne la vie et l'esprit du Champion de la Loi, ce dernier ne peut cependant se passer de lui : nec possum tecum vivere nec sine te (je ne peux vivre ni avec toi, ni sans toi). L'acte se termine pourtant sur une note apaisée. Holmes demande à Watson de retranscrire exactement la conversation qu'ils viennent d'avoir et Watson s'y engage. Bientôt, leur tranquillité retrouvée est interrompue par l'arrivée providentielle d'un client. Et tout recommence comme avant.

L'Acte 2 paraît plus original que l'Acte 1 et moins décousu. Il s'organise autour de deux questions qui engendrent intérêt et suspense : pourquoi Holmes a- t-il gardé le silence pendant trois ans ? Le Professeur Moriarty existait-il vraiment, ou est-ce une invention de Holmes ? Mais les réponses restent assez diffuses, floues et ambigües, en particulier celle qui concerne la réalité de Moriarty. Holmes renonce-t-il à soutenir que le Professeur est sa création parce que, comme il le dit lui-même, cette affirmation n'était qu'une vaine tentative pour lui ôter son pouvoir de nuisance, ou bien ne revient-il sur ses déclarations que parce qu'elles révoltent Watson, dont il ne veut pas perdre l'amitié ?


Critical Reception

Une critique réservée à l'égard de la pièce, mais élogieuse envers les acteurs

Bien que le titre trompeur A Case for Sherlock Holmes ait été remplacé par The Secret of Sherlock Holmes, le public, mais aussi les critiques, espéraient que la pièce comporterait une enquête policière, dont l'absence inquiétait d'ailleurs Duncan Weldon, le producteur. Il n'y avait pas d'intrigue criminelle dans Le Secret et même, selon Irving Wardle, du Times, il n'y avait pas d'intrigue du tout : Brett et Hardwicke seraient d'excellentes valeurs, s'ils avaient quelque chose à raconter. Michael Billington, du Guardian, partage cette opinion et parle d'une pièce manquant désespérément d'intrigue.

La plupart des critiques louèrent au contraire le jeu des acteurs. Peter Kemp, de l'Independent, résume assez bien l'opinion générale : Le seul plaisir solide de cette soirée exiguë – à peine plus d'une heure - réside dans le jeu des acteurs. Le Holmes pâle et neurasthénique de Brett transfère avec succès de l'écran à la scène tous les effets minutieusement élaborés de son interprétation télévisée. L'incarnation de Watson par Edward Hardwicke semble si parfaitement authentique qu'elle donne le sentiment que même l'œil de faucon de Holmes ne pourrait y repérer la moindre trace de fausseté. Brett et Hardwicke formaient en effet un remarquable tandem, comme le souligne Jeremy Paul : Jeremy aimait expérimenter sur le texte. Voyez-vous, cela fait partie de la manière dont certains acteurs, comme Jeremy Brett et Robert Stephens, conçoivent le théâtre ; pour conjurer l'ennui de la répétition mécanique et sans fin d'un rôle, il leur faut oser, et réinventer constamment [..]. Jeremy disait : tous les soirs, je trouve quelque chose de nouveau. Dans cet esprit-là, il changeait les choses et Ted, le merveilleux gardien de but, récupérant les passes en retrait sans humeur, s'adaptait magnifiquement. Le courant qui passait entre eux était magique. Jeremy jouait quelque chose tout à fait différemment, pour voir si c'était intéressant, et Ted répondait toujours présent. Watson répondait toujours présent.

Les deux acteurs méritaient d'autant plus les éloges de la presse, qu'ils les méritèrent au prix d'efforts dont nul ne se douta sur le moment. La maladie cardiaque de Brett s'aggravait. Il respirait et se mouvait avec peine, ruisselant de sueur. On dut supprimer certaines des entrées et sorties rapides de Sherlock Holmes et suggérer les changements de scènes en diminuant et augmentant l'éclairage. Sur les instances d'Edward Hardwicke, Brett finit par consulter son médecin, qui déclara ne plus répondre de rien, s'il donnait une représentation de plus. L'acteur accepta un bref séjour en maison de repos, au cours duquel on lui retira du corps environ treize litres de liquide, dus à la rétention d'eau dont il souffrait. En plus du poids considérable de son rôle, Hardwicke dut faire face au comportement de son partenaire, parfois rendu difficile par la maladie bipolaire. Lorsque son jeu devint capricieux, Brett supporta mal que son ami le lui fasse remarquer et réagit avec aigreur. Loin de se fâcher, Hardwicke lui écrivit une lettre d'explications de vingt pages, qui ramena la paix et la concorde.

Un public enthousiaste

Les spectateurs, qu'ils soient fans de Brett, d'Hardwicke, de la série Granada et de Sherlock Holmes, ne s'embarrassèrent pas de considérations techniques. Ravis de voir les deux acteurs, présents en chair et en os, donner vie aux textes de Conan Doyle ou rejouer pour eux des passages des épisodes qu'ils avaient admirés à l'écran, ils se laissèrent porter et captiver par la rapide succession des scènes, dont l'éclairage et le son soulignaient l'atmosphère changeante. Tous ceux qui ont eu la chance d'assister aux représentations témoignent d'ailleurs qu'elles étaient fascinantes et que le public était envoûté. Cox, qui n'avait jamais vu Brett au théâtre, affirme dans A Study in Celluloïd que ce fut pour lui une révélation : Il grandissait et s'épanouissait sur scène comme un génie échappé d'une bouteille, et Edward était le parfait Watson de la situation.

Il ne faut pas oublier que The Secret of Sherlock Holmes est à l'origine une pièce sans prétention écrite par Jeremy Paul dans un délai record. L'oeuvre n'a certes pas conquis les critiques, mais elle a ravi les spectateurs, et l'on ne peut regretter qu'une chose, c'est qu'elle n'ait pas été filmée, mais seulement enregistrée. Si en juin 2014 le Hollywood Fringe évoque de manière très élogieuse sa représentation par John Mawson (Holmes) et Mario Vernazza (Watson), la critique britannique s'est montrée plus dure envers la reprise londonienne de 2010 avec Peter Egan (Holmes) et Robert Daws (Watson). Les reproches du Guardian et de L'Independent furent d'ailleurs les mêmes que ceux qui avaient accueilli la pièce en 1988 et 1989 : absence d'énigme policière, intrigue peu consistante, manque de crédibilité du « secret » révélé par le grand détective. Mais n'est-ce pas déjà une belle réussite, pour une pièce que son auteur même pensait vouée à un destin modeste et éphémère, que d'intéresser encore aujourd'hui ?




Sources : The Secret of Sherlock Holmes, a stage play by Jeremy Paul ; Bending the Willow by David Stuart Davies.
Textes : © Monique Claisse