L'au-delà de Conan Doyle

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia

L'Au-delà de Conan Doyle (The Beyond of Conan Doyle) is an article written by André Billy published in the French newspaper Le Petit Journal on 16 august 1923.

The article is about Arthur Conan Doyle's lecture on Spiritualism in Montréal a few days before.


L'Au-delà de Conan Doyle

Le Petit Journal (16 august 1923, p. 1)

Conan Doyle, l'auteur de Sherlock Holmes, s'occupe, comme vous le savez sans doute, de spiritisme. Il est même passé maître dans l'art de faire tourner les tables et d'évoquer les morts. L'autre jour, à Montréal, il a prononcé un discours sur l'au-delà et a révélé à ses auditeurs des choses bien intéressantes concernant notre future résidence :

Dans cette sphère glorieuse, a-t-il dit, se trouvent des palais, des lacs, des ruisseaux, des endroits charmants de repos et de distraction qui surpassent tout ce que nous avons ici-bas... Nombre d'esprits avec lesquels je suis entré en communication m'ont déclaré qu'en arrivant dans cette nouvelle sphère, ils croyaient de prime abord s'être égarés dans quelque région inconnue et magnifique de la terre.

Dans cette région magnifique, Conan Doyle ne nous dit pas à quoi les morts passent leur temps, mais il est permis de supposer qu'ils y goûtent un éternel week-end, qu'ils y jouent au golf, qu'ils y font du footing et qu'ils pratiquent en général des sports bien britanniques. Car les révélations de Conan Doyle portent la marque du goût anglo-saxon le plus pur. L'au-delà de Conan Doyle est en somme une Angleterre idéale, une Angleterre où l'occupation de la Ruhr ne préoccupe personne, et où il n'y a plus de chômeurs pour la bonne raison que le chômage y est le seul travail obligatoire.

Si Conan Doyle était Français, sans doute les esprits lui auraient-ils dépeint l'au-delà sous des couleurs différentes. Pour un spirite français, l'au-delà doit être une salle de café-concert toute bruissante de flonflons, ou un petit bistrot tranquille dans la pénombre duquel se jouent d'interminables parties de manille.

Quoi qu'il en soit sur ce point, je ne vois pas bien ce qui retient Conan Doyle parmi nous, puisqu'il se promet de son séjour prochain dans l'au-delà d'aussi douces délices, et que, d'autre part, le passage de vie à trépas est — toujours d'après ses déclarations — une opération si pleine d'agrément.

Le meilleur moyen d'en convaincre ses auditeurs eût été évidemment de s'ouvrir le ventre sous leurs yeux.

Conan Doyle ne l'a point fait, et cela prouve qu'en dépit de toute sa science spirite, il lui reste encore quelque lueur de bon sens.

Nous aurions, en vérité, mauvaise gràce à le lui reprocher.

André Billy.