La Dernière aventure de Sherlhock Holmès

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia

La Dernière aventure de Sherlhock Holmès (The Last Adventure of Sherlhock Holmès) is a French Sherlock Holmes pastiche written by Georges Avryl published in La Revue Limousine (No. 63) on 1 january 1929.

Within the text, the firstname of the detective varies from Sherlhock to Sherlock.


La Dernière aventure de Sherlhock Holmès

La Dernière aventure de Sherlhock Holmès
La Revue Limousine (1 january 1929, p. 258)
La Dernière aventure de Sherlhock Holmès
La Revue Limousine (1 january 1929, p. 259)

Nous étions un groupe d'excursionnistes, réunis dans le salon d'un hôtel des Alpes, et nous devisions joyeusement en attendant l'heure du dîner.

Parmi nous se trouvait le docteur Watson, dont le nom fut si souvent associé à celui de Sherlhock Holmès, le célèbre détective connu du monde entier. Nous en vînmes à causer de ce grand homme et, pouvait-il en être autrement, le docteur Watson fut mis à contribution. Il s'exécuta d'ailleurs avec la meilleure grâce du monde et, dès ses premiers mots, le salon se peupla des pensionnaires de l'hôtel, dont la curiosité n'avait pas tardé à être excitée.

« ... Je vais vous raconter, dit Watson, l'aventure la plus abracadabrante qui se puisse imaginer et dont j'ai été le témoin. Personne encore ne la connaît et si Sherlhock Holmès était encore de ce monde je ne pourrais vous la dire. Mais nous sommes là entre amis et ma conscience, j'en suis sûr, ne me reprochera pas cette petite atteinte à la renommée de celui qu'on considère à juste titre comme l'empereur des détectives.

« Nous étions venus en France, Sherlhock Holmès et moi, à l'occasion de je ne sais quel congrès, et nous logions au Claridge. Ce soir là, fatigués par une journée de courses à travers Paris, nous étions restés dans notre chambre ; il pouvait être 9 heures environ. Allongé dans un confortable fauteuil, Holmès suivait du regard les volutes de fumée bleue qui s'échappaient de sa pipe cependant que j'achevais de feuilleter le « Morning Post » à la recherche de quelques faits divers. N'ayant rien trouvé, je repliai le journal et, tout en allumant une cigarette :

- « Holmès, dis-je, ne trouvez-vous pas que les drames sensationnels se font rares, en Angleterre aussi bien qu'en France ? »

« Il parut ne pas m'avoir entendu. Aussi immobile que la statue de Nelson, les yeux fixés sur le plafond, il semblait plongé dans je ne sais quelle extase singulière. Mais comme j'ouvrais la bouche pour réitérer ma question, il se départit brusquement de son calme et m'ayant de la main, fait signe de me taire, se pencha vers moi et me dit à l'oreille :

- « Watson, il y a quelqu'un derrière la porte !... »

« Instinctivement, je tournai les yeux du côté de celle-ci et la surveillai, cependant qu'un léger frisson me courait le long de l'échine, car j'avais eu assez de preuves du flair merveilleux du grand détective pour ne pas mettre en doute la plus petite de ses affirmations. Et, en effet, dix secondes ne s'étaient pas écoulées que la porte s'ouvrit et qu'un homme entra.

« Il était vêtu d'un ample manteau noir et un chapeau aux bords rabattus, cachait la plus grande partie de son visage ; il paraissait extraordinairement agité, et à la faveur du silence qui régnait alors dans la pièce, j'entendis distinctement le bruit que faisaient ses dents en s'entrechoquant.

« Holmès, toujours assis, le fixait de ses yeux inquisiteurs. Quant à moi, n'eût été la présence du grand détective, je ne me serais pas senti rassuré.

« L'homme, calmant son agitation, put enfin parler :

- « Je viens, dit-il, vous demander secours et protection. Propriétaire de la maison portant le n° 30 de la rue Rochambeau, j'ai comme locataire, depuis quelques jours, un étranger aux allures bizarres. Je n'avais encore rien remarqué d'anormal, lorsque ce soir, en rentrant chez moi, j'ai entendu des cris affreux, inexplicables, venant de son appartement. Il doit se passer des choses... un drame horrible... je vous supplie de m'accompagner !...

« Sans écouter la fin de ces paroles, Holmès s'était levé. Il endossa rapidement son imperméable, se coiffa d'une casquette de toile cirée, et me faisant signe de le suivre, se lança dans le couloir à la suite de l'inconnu.

« Dans la rue, le froid nous saisit : un froid de novembre, additionné d'un brouillard épais et malodorant qui nous prit à la gorge et nous obligea à relever le col de nos manteaux. L'homme marchait devant nous, à pas rapides, sans tourner la tête ; et lorsqu'au bout d'un moment nous le vîmes accélérer son allure et se mouvoir avec facilité dans cette immense étendue grisâtre, nous comprîmes que les lieux lui devenaient plus familiers et que, par suite, nous approchions. De fait, presqu'aussitôt il stoppa devant une maison d'apparence bourgeoise :

- « C'est là ! », nous dit-il d'une voix rauque, à peine perceptible ; puis, sortant de sa poche un trousseau de clefs, il ouvrit la porte avec précautions, pour ne pas faire grincer les gonds. Devant nous, le couloir ouvrait maintenant sa gueule sombre et mystérieuse.

« Un moment, nous restâmes là, immobiles, comme figés sur place... Dans le silence de la nuit, un chien hurla à la mort... Je sentis mon sang se glacer dans mes veines, et la peur me prît ; la peur de quoi ?... je n'aurais su le dire, mais je crus que mes forces allaient m'abandonner. Sherlhock Holmès eut-il connaissance de ce qui se passait en moi ? Je ne sais. Toujours est-il qu'il s'approcha de moi et me dit : « Du courage, Watson, du courage..., votre revolver à la main et suivez-moi ! »

« Puis il pressa le bouton de sa lampe électrique et s'enfonça dans le couloir. L'inconnu nous guidait, tremblant à chaque craquement du plancher sous nos pas. Nous fîmes environ dix mètres de la sorte et soudain nous nous arrêtâmes, immobilisés par un cri atroce, un cri qui n'avait rien d'humain et qui avait été poussé derrière une porte tout près de nous. Et, à ce cri en succéda un autre, puis un autre...

« Une sueur glacée coula le long de mes tempes, cependant que je sentais mes jambes se dérober sous moi. Je regardai l'homme : son tremblement nerveux l'avait repris, ses dents s'entrechoquaient avec un faux bruit de castagnettes. Seul de nous trois, Sherlock Holmès était resté impassible, attentif aux moindres bruits ; maître de lui et des événements, il semblait vraiment dominer...

- « Watson, me dit-il, vous trouviez que les affaires sen-sationnelles se faisaient rares ! Je pense que vous êtes servi.

« ... Il n'en dit pas plus long, interrompu qu'il fût par un autre grand cri de détresse. Et aussitôt ce furent des clameurs sinistres et des râles, des râles terrifiants à rendre fou, des râles entremêlés de plaintes et d'injures... Puis le silence !

« Je vis Sherlock Holmès s'avancer vers la porte. Le grand détective s'arc-bouta sur ses jambes, le dos légèrement voûté, et, d'un brusque coup d'épaule, d'un seul, fit voler en éclat le panneau de bois qui nous séparait du mystère. Et alors, le spectacle qui s'offrit à nos yeux, dépassa en imprévu tout ce qu'il est possible d'imaginer.

« ... Confortablement assis dans un vaste fauteuil, les pieds devant la cheminée où flambait un joyeux feu de bois, un homme écoutait avec une satisfaction évidente (ainsi qu'il me parût), un phonographe qui, majestueusement installé sur un guéridon, au milieu de la chambre, reproduisait fidèlement une séance à la Chambre des députés, telle qu'elle avait été enregistrée deux mois auparavant...

« J'eus nettement conscience du formidable ridicule de notre position ; il nous fallait d'ailleurs faire des excuses. Quant à Sherlock Holmès, il supporta mal le coup. Empereur des détectives, arrivé à l'apogée de sa gloire, il aurait dû logiquement finir en beauté ; le sort s'y opposa et suscita pour lui un second Waterloo !

« Et je persiste à croire que cette dure déconvenue n'est pas étrangère à la fin prématurée de ce grand coeur et de ce grand génie... »

Juste à ce moment, la cloche de l'hôtel annonça que le dîner était servi.


Georges Avryl.