Le Congrès spirite a terminé ses travaux

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia

Le Congrès spirite a terminé ses travaux (The Spiritualist Congress has finished its works) is a French article written by Dr. Viguier published in Le Petit Journal on 13 september 1925.

It refers to the International Spiritualist Congress.


Le Congrès spirite a terminé ses travaux

Le Petit Journal (13 september 1925, p. 2)

Le congrès spirite a fini hier ses travaux. La matinée a été consacrée par les congressistes étrangers à une visite, au cimetière du Père-Lachaise, au monument d'Allen Kardec, fondateur du spiritisme actuel dit « Kardéciste » et l'après-midi a été rempli par les discours d'usage à la fin des travaux d'une telle assemblée.

Les questions qui ont été débattues à ce congrès sont de mérite divers. Celle qui les domine toutes concerne la réalité des phénomènes médiumniques. Comme est d'ordre expérimental, il est évident qu'une méthode d'expérimentation plus rigoureuse en déterminera plus exactement la valeur. On a vu dans le Petit Journal d'hier la décision prise par le congrès concernant ce contrôle ; j'en retiens le principe en attendant de pouvoir en juger l'application. (A ce propos, dans mon article d'hier, le mot « métaphysique » a été mis au lieu de « métapsychique ». Mes lecteurs auront eux-mêmes corrigé).

Si j'ai fait à certains phénomènes médiumniques une critique sans parti pris mais sans complaisance, je dois en revanche rendre hommage à l'estime que l'on doit avoir pour certains autres. Laissant de côté la médiumnité à phénomènes matériels qui, par ses empêchements de contrôle, demeure frappée de suspicion légitime, je dirai un mot de la médiumnité à phénomènes immatériels.

Je mentionnerai auparavant que j'ai conduit mes expériences avec la défiance dont mes articles publiés ici même peuvent donner la mesure, et que je n'ai admis aucune restriction au contrôle qu'il m'a plu d'établir.

C'est ainsi que j'ai étudié longtemps l'excellent médium Mlle Jeanne Laplace. J'ai obtenu d'elle, d'une façon à peu près constante, des phénomènes de lucidité tout à fait surprenants. Des gens parfaitement inconnus d'elle et de moi ont obtenu des révélations stupéfiantes, d'ordre parfois très grave pour leurs intérêts ou pour leurs affections, et qui leur ont permis de se mettre en garde contre des risques ignorés d'eux et que le médium leur dévoilait.

Avec un autre médium, longuement étudié aussi, qui m'a prié de respecter son incognito, j'ai obtenu des phénomènes du même ordre, d'une manière aussi habituelle. Avec ce médium encore, j'ai obtenu par ce que j'appellerai le « fluide humain », faute d'une dénomination plus précise, une action parfoiS très puissante sur cèrtains cas de maladies. Au point de vue thérapeutique, ce « fluide » a agi comme une drogue quelconque qui, on ne l'ignore pas, a des effets variables suivant les individus. C'est ainsi qu'un cachet d'antipyrine qui calme Pierre ne soulage pas Paul, et parfois le rend plus malade. J'ai de la sorte deux cas de phlébite dont l'un a été soulagé au point que l'enflure de la jambe a diminué de trois centimètres pendant la première séance; tandis que, dans l'autre cas, non seulement je n'ai pas obtenu de soulagement. mais la malade a éprouvé, pendant l'intervention (faite sans contact), des sensations pénibles qui m'ont amené à cesser le « fluide humain » et à recourir au traitement classique ; mais alors la guérison a demandé quatre mois au lieu d'être réalisés en trois semaines comme cela s'est produit pour l'autre cas.

Suggestion, me dira-t-on. Non ; car la seconde malade connaissait la guérison de la première et aurait dû guérir mieux qu'elle. De plus, le « fluide humain » a été essayé sur le développement de microbes et sur la germination de graines. Dans tous ces cas, une action a été observée.

Je dois le signaler aux médecins : il y a « quelque chose » dans ce dynamisme inconnu qu'est la machine humaine en action.

Mais ce quelque chose offre, parmi les moyens thérapeutiques dont nous disposons, le maximum d'incertitude. Il est parfois merveilleusement utile ; il n'est jamais véritablement nuisible ; il est souvent sans action. Il ne faut donc y recourir qu'avec scepticisme.

En attendant la preuve

L'étude de médiums de ce genre offre un autre avantage : elle ouvre un chapitre nouveau de la psychologie. L'esprit humain a certainement des pouvoirs d'intuition, de pénétration que la psychologie classique a méconnus.

Au point de vue de la physiologie, la faculté qu'ont les médiums « voyants » de voir en effet ce qu'ils nous racontent (physionomies d'absents, vivants ou morts), m'a permis de faire des observations intéressantes sur le fonctionnement de la vision ordinaire. Mlle Jeanne Laplace, en particuilier, a présenté des phénomènes de « voyance » d'une objectivité étrange. Je publierai ces observations quand je les aurai poussées assez loin.

Je ne puis clore cette série d'articles sans dire ce que l'on peut penser des « esprits », j'entends par là les esprits des morts et non ceux des vivants.

Les « Esprits » existent-ils ? Nous l'ignorons. Le spiritisme y croit. La science en attend la preuve.

C'est qu'il est jusqu'à maintenant impossible de savoir, dans les communications médiumniques, si nous avons affaire à des esprits de vivants ou à des esprits désincarnés : car, si nous pouvons différencier avec certitude la chair vivante de la chair morte (la décomposition de cette dernière nous fournit cette certitude), nous ne possédons aucun moyen analogue pour distinguer l'esprit d'un vivant de celui d'un mort. D'un vivant ou d'un mort, l'esprit s'il survit est toujours vivant.

Et si nous ajoutons à cela que les médiums sont nettement influencés par leurs propres pensées ou par les pensées des gens qui les entourent ou même par les pensées de gens lointains, nous voyons que l'étude de ces phénomènes se présente comme une chimie incertaine dont le réactif est à trouver.

Le problème ne doit pas être considéré comme impossible à résoudre, il demeure posé.

Docteur Viguier.