La Force Mystérieuse

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La Force Mystérieuse is a letter written in french by A.-P. Watt, the literary agent of Arthur Conan Doyle first published in the french newspaper Le Temps No. 19292, 1st may 1914. The Watt letter contains a letter written by Conan Doyle. Both letters are about an accusation of plagiarism.

The accusator is J.-H. Rosny senior, author of La Force mystérieuse (1913). In the early 1914 reprinted version (Plon edition [FR]), Rosny wrote a foreword stating Conan Doyle's novel The Poison Belt recently published in The Strand Magazine was inspired by his own novel. In april 1914, 2 reviews (one by a french columnist and one by critic Paul Souday) were quoting Rosny's foreword in the newspaper Le Temps. The next month A.-P. Watt and Conan Doyle were sending an answer (see below). An ultimate answer by Rosny was sent on 4 may 1914 in Le Temps where he accepts the Conan Doyle's denial (Le Temps No. 19295). A month later, the 16 june 1914, Rachilde, a journalist from Mercure de France, was trying to reopening the debate in an accusating article but no answer has been made (Mercure de France vol. 109 No. 408).



Le Temps (1st may 1914) : A.-P. Watt & Conan Doyle replies


Le Temps No. 19292

LA « FORCE MYSTERIEUSE »

Nous avons reçu la lettre suivante :

April, 28 th 1914.

Monsieur le directeur,

Le Temps a signalé à deux reprises, dans sa Chronique des lettres et dans un article de M. Paul Souday, les étranges imputations dirigées contre sir Arthur Conan Doyle, à propos de son dernier livre the Poison Belt, par M. J.-H. Rosny aîné, en tête du roman la Force mystérieuse.

Tout on rendant hommage à l'impartialité avec laquelle, du point de vue critique, M. Paul Souday a remis certaines choses en place, je viens, comme agent littéraire de sir Arthur Conan Doyle, faire appel à votre haute courtoisie et vous demander de bien vouloir reproduire la lettre suivante que, sitôt prévenu des faits, sir Arthur Conan Doyle a adressée au traducteur français de ses derniers ouvrages :

« Cher monsieur Labat,

» J'ai autre chose à faire en ce monde que de guetter les oeuvres de M. Rosny pour tâcher de les copier. Les premiers chapitres de the Poison Belt étaient écrits près d'un an avant que le livre fût terminé, que j'en eusse remis le manuscrit, et qu'il commençât à paraître dans le Strand Magatine. M. Rosny se prévaut de ce que lui-même avait déjà publié à ce moment deux parties de son livre ; mais le sens commun devrait lui dire que même si j'avais voulu l'imiter il m'aurait été impossible non seulement d'écrire le mien, mais encore d'en avoir les illustrations prêtes, pour une publication similaire, à deux mois d'intervalle. Mon agent, M. Watt, et les éditeurs du Strand peuvent témoigner qu'ils avaient mon manuscrit en main plus de deux mois avant sa publication. Il ne reste donc plus à M. Rosny qu'à exprimer son regret d'une insinuation injurieuse que je n'aurais pas daigné relever si elle n'avait été de nature à jeter quelque trouble dans votre esprit.

» Croyez-moi sincèrement votre

» ARTHUR CONAN DOYLE. »

Bien que la parole de sir Arthur n'ait besoin d'être confirmée ni par moi, ni par les propriétaires du Strand Magazine, j'ajoute qu'il ressort, de la vérification que j'ai faite des dates, que le manuscrit de la première partie de the Poison Belt était dans mes mains six mois environ avant que le début de ce roman parût dans le Strand.

En vous remerciant d'avance, monsieur le directeur, je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments très distingués.

A.-P. WATT.



Le Temps (15 april 1914) : Paul Souday quoting J.-H. Rosny's foreword


Le Temps No. 19276

LES LIVRES

M. J.-H. Rosny aîné raconte dans son avant-propos que les deux premières parties de la Force mystérieuse avaient paru dans le Je sais tout, lorsque M. Conan Doyle commmeça de publier dans le Strand Magazine un roman sur le même thème. Il avoue n'avoir pu d'abord, « vu l'extrême particularité de la thèse, réfréner quelques soupçons ». Mais, ajoute-t-il, « une coïncidence est toujours possible, et pour mon compte, je suis enclin à une large confiance. Ainsi, j'ai toujours été persuadé que Wells n'avait pas lu mes Xipehuz, ma Légende sceptique, mon Cataclysme, qui parurent bien avant ses beaux récits. C'est qu'il y a dans Wells je ne sais quel sceau personnel qui manque à M. Conan Doyle ». Cette dernière phrase n'est peut-être pas d'une irréprochable logique. Si M. Rosny aîné considère comme certain que M. Wells ne l'a pas pillé et comme seulement possible que M. Conan Doyle ait gardé la même réserve, cela ne peut tenir à ce fameux sceau personnel qui appartiendrait à M. Wells et dont M. Conan Doyle serait dépourvu. Car on peut traiter d'une façon extrêmement personnelle et pleinement originale un genre et même un sujet qu'on n'a point inventés. Toutefois, on accordera que le genre dont il s'agit ici se prête moins que, par exemple, la tragédie au développement d'une originalité profonde et indépendante de la donnée, laquelle joue bien en l'espèce le rôle capital.

Mais ce merveilleux scientifique où s'amuse, entre deux romans réalistes, la verve de M. J.-H. Rosny, s'il l'a pratiqué avant M. Wells et à plus forte raison avant M. Conan Doyle, il ne peut émettre la prétention de l'avoir découvert. Tous trois, le conteur français et les deux anglais, ils ont eu au moins un précurseur, qui fit une longue et brillante carrière et qui s'appelait Jules Verne. Je veux bien que M. Rosny ait plus de style et M. Wells plus de philosophie ; mais je dois convenir que leurs romans cosmiques, prophétiques ou préhistoriques ne m'ont jamais diverti autant que ceux de Jules Verne, peut-être parce que je lisais les siens etant enfant, peut-être aussi parce qu'ils avaient plus de bonne humeur et moins d'ambition. La prétendue infériorité qu'avait Jules Verne d'écrire pour un public enfantin n'était peut-être qu'une plus exacte adaptation aux lois véritables du genre. Ces imaginations sont, en général tout à fait arbitraires (à moins qu'elles n'anticipent de très peu sur les trouvailles imminentes de la science, ce qui fut le cas pour Vingt mille lieues sous les mers, roman qui précéda d'une vingtaine d'années la construction des sous-marins). On peut donc raconter ce que l'on veut sans avoir à craindre de démenti ; le talent consiste dans l'accumulation des événements sensationnels et des péripéties fantastiques, absolument comme dans les contes de nourrice et les feuilletons populaires. Aussi est-il fort naturel que sir Arthur Conan Doyle, l'auteur de Sherlock Holmes et l'un des principaux spécialistes du roman policier, ait cru devoir s'essayer dans ce genre voisin. Les mêmes qualités qui ont assuré son succès dans le premier l'assureront également dans le second. D'ailleurs, cette mythologie scientifique est habituellement aussi laide que gratuite et ne peut guère attacher l'attention que par sa bizarrerie.

[...]

Paul Souday


Le Temps (6 april 1914) : Anon. quoting J.-H. Rosny's foreword


Le Temps No. 19267

QUELQUES ROMANS

Le sujet du roman de M. J.-H. Rosny aîné, la Force mystérieuse a-t-il inspiré Conan Doyle, le célèbre écrivain, lorsque peu de temps après la publication de ce récit dans une revue française, il donna lui-même dans un magazine de Londres une oeuvre qui lui ressemblait singulièrement, The Poison belt ? C'est la question que se pose M. J.-H. Rosny en signalant des rencontres typiques qui apparaissent nettement...

Anonymous columnist












La Force mystérieuse (Plon, early 1914) : J.-H. Rosny's foreword


La Force mystérieuse (1913, Plon [FR]

AVERTISSEMENT


Le 11 mars 1913, un ami américain m’adressait le billet suivant :

« Avez-vous cédé à un écrivain anglais – et des plus célèbres – le droit de refaire votre roman qui paraît actuellement dans Je sais tout ; lui avez-vous donné le droit de prendre la thèse et les détails, comme le trouble des lignes du spectre, l'excitation des populations, les discussions sur une anomalie possible de l'éther, l'empoisonnement de l’humanité – tout ? Le célèbre écrivain anglais publie cela en ce moment sans vous nommer, sans aucune référence à Rosny Aîné, en plaçant la scène en Angleterre. »

À la suite de cette lettre, je parcourus le numéro du Strand Magazine, où mon confrère britannique, M. Conan Doyle, commençait la publication d'un roman intitulé : The Poison Belt. Effectivement, il y avait entre le thème de son récit et le thème du mien des coïncidences fâcheuses, entre autres le trouble de la lumière, les phases d’exaltation et de dépression des hommes, etc. – coïncidences qui apparaîtront clairement à tout lecteur des deux œuvres.

J'avoue que je ne pus, vu l’extrême particularité de la thèse, refréner quelques soupçons, d'autant plus que, en Angleterre, il arrive assez fréquemment que des écrivains achètent une idée, qu’ils exploitent ensuite à leur guise : quelqu'un avait pu proposer mon sujet à M. Conan Doyle. Certes, une coïncidence est toujours possible et, pour mon compte, je suis enclin à une large confiance. Ainsi, j'ai toujours été persuadé que Wells n'avait pas lu mes Xipéhuz, ma Légende sceptique, mon Cataclysme, qui parurent bien avant ses beaux récits. C'est qu'il y a dans Wells je ne sais quel sceau personnel, qui manque à M. Conan Doyle.

N'importe, mon but n'est pas de réclamer. Je tiens pour possible une rencontre d'idées entre M. Conan Doyle et moi ; mais comme je sais, par une expérience déjà longue, qu'on est souvent accusé de suivre ceux qui vous suivent, j'estime utile de prendre date et de faire remarquer que Je sais tout avait fait paraître les deux premières parties de La Force mystérieuse quand The Poison Belt commença à paraître dans le Strand Magazine.

J.-H. Rosny senior